Τετάρτη 28 Μαρτίου 2018

La Grèce menacée de toutes parts (Η Ελλάδα απειλείται από όλες τις πλευρές)

Συνέντευξη του μέλους της Προσωρινής Γραμματείας του Μετώπου για Ελεύθερη Ελλάδα Πρέσβη ε.τ. Λεωνίδα Χρυσανθόπουλου στην Γαλλική εφημερίδα Afrique-Asie. 

Στις απαντήσεις του ο Πρέσβης, εξηγεί ιστορικά πως η Ελλάδα από την ανεξαρτησία της και μετά δεν ήταν ποτέ ανεξάρτητη, αναφέρεται στις ελληνοτουρκικές σχέσεις, στις επιδιώξεις της Τουρκίας, στη Συνθήκη της Λωζάνης και τους κινδύνους που διαγράφονται στην περιοχή από την Τουρκική επιθετικότητα. 

Συνεχίζει, λέγοντας για την απραξία του ΝΑΤΟ στα Ελληνοτουρκικά, για την κατάσταση των Ελληνικών Ενόπλων δυνάμεων που παρά την φθορά που έπαθαν λόγω της κρίσεως, μπορούν να αμυνθούν την χώρα. 
Για τον ρόλο του στρατού στην Ελλάδα, ο Πρέσβης αναφέρει...
ότι πρέπει να διαφυλάττει τα σύνορα και σε περίπτωση που ο λαός εξεγερθεί, να αρνηθεί να υπακούσει σε διαταγές της κυβέρνησης να την προστατέψει. 

Περιγράφει τις σχέσεις Γερμανίας Ελλάδος σαν σχέσεις αποικιοκράτη προς αποικία, εξηγεί πως έχει το θέμα των γερμανικών αποζημιώσεων και για τους λόγους που δεν θα πρέπει να παραχωρηθεί το όνομα Μακεδονία στα Σκόπια.

(Σημ. ιστολογίου: Σύντομα το μεταφρασμένο κείμενο)

La Grèce menacée de toutes parts
Publié par: Tigrane Yégavianle: 28 mars, 2018

Ancien diplomate grec, Leonidas Chrysanthopoulos a été le secrétaire général de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire de 2006 à 2012. Il a été le représentant de la Grèce aux Nations unies, directeur du cabinet diplomatique du ministère des Affaires étrangères et directeur général des Affaires européennes. Son expérience diplomatique s’étend de Toronto à Varsovie, et d’Erevan à Beijing. Il s’insurge aujourd’hui contre la politique de dé tricotage de la souveraineté de son pays par l’Union Européenne et l’OTAN.

Leonidas Chrysanthopoulos : « Erdogan traverse une phase de folie de grandeur et entend recréer l’Empire ottoman. » Photo DR

Tigrane Yégavian : En janvier et février derniers des manifestations de masse ont eu lieu dans votre pays pour réclamer le retour de la souveraineté nationale et de l’intégrité de la Grèce. Presque deux siècles après le soulèvement de la Grèce contre l’occupation ottomane, il semblerait que votre pays soit encore à décoloniser. Comment en est-on arrivé là ?

Leonidas Chrysanthopoulos : Le problème est que nous nous sommes libérés du joug ottoman pour nous retrouver sous l’influence des grandes puissances de l’époque. Le premier dirigeant de la Grèce indépendante était Ioannis Kapodistrias, qui, en tant que ministre des Affaires étrangères, a joué un rôle important dans la création de la constitution suisse. Néanmoins nous l’avons assassiné et remplacé par un roi bavarois. Nos premiers partis politiques avaient pour surnom : le parti francophile, le parti russophile et le parti anglophile, car ils étaient influencés par chacune de ces puissances.

Au cours de la Première Guerre mondiale, Athènes et le Pirée ont été bombardés par la flotte française afin d’obliger le roi pro-allemand à abdiquer et faire en sorte que la Grèce rejoigne le camp des alliés. Par la suite, le Premier ministre fasciste et pro allemand de la Grèce, Ioannis Metaxas s’était opposé le 28 octobre 1940 à Mussolini quand ce dernier entendait envahir le pays.
Les forces armées ont renvoyé les Italiens à la mer s’emparant au passage de l’Albanie. Tout au long de la Seconde Guerre mondiale, notre résistance était sous la domination britannique jusqu’à ce que les États-Unis prennent le relai en 1947. La dictature militaire appuyée par l’OTAN s’est effondrée au bout de sept ans en 1974 mais le prix s’est avéré tragique, puisque près de la moitié de Chypre s’est retrouvée sous occupation turque qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

En 1976, nous avons choisi d’adhérer à la CEE principalement pour des raisons politiques. Il s’agissait de protéger notre fragile démocratie et la Grèce de la Turquie. Nous avons intégré la CEE en 1981 et ce juste après que le PASOK d’Andreas Papandreou soit arrivé au pouvoir. De sorte que la Grèce a bénéficié pendant quelques années d’une indépendance qu’elle n’avait jamais joui auparavant. Les bases américaines ont été démantelées, la Grèce est devenue un acteur important dans la politique internationale et respecté de la part du mouvement des non-alignés.

Andreas Panpandreou avait du reste défrayé la chronique en 1983 lorsqu’il organisa une rencontre entre le président français François Mitterrand et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi sur l’île de Crète.

À partir des années 1990 la réunification de l’Allemagne a fait progressivement de ce pays la force motrice de l’UE qui de « CEE des peuples » s’est muée en « UE des banquiers ». Vu que l’UE a pris le parti des banquiers, les politiciens grecs sont devenus des menteurs professionnels et ont été élus sur des programmes qui n’ont jamais été respectés. George Papandreou a été élu en 2009 sur la base d’un programme chimérique, car il prétendait que la Grèce avait les ressources financières pour aller de l’avant. Résultat, note pays s’est retrouvé sous la tutelle du FMI et de l’UE. Et le mémorandum de 2010, qui n’a jamais été voté par le Parlement, a précipité l’effondrement financier et social.
De son côté, le parti de gauche SYRIZA a été élu sur un programme de dénonciation du mémorandum et le salut de la Grèce. C’était sans compter sur Bruxelles qui dans la foulée a pratiqué une sorte de chantage à l’encontre du gouvernement de Tsipras ; ce dernier ayant appelé à la tenue d’un référendum qui s’est traduit par un rejet massif (62%) des nouvelles mesures d’austérité. Au cours d’un sommet à Bruxelles, qui s’est tenu juste après le référendum de juillet 2015, l’Allemagne a fait chanter Tsipras en lui disant que s’il ne faisait pas ce que Berlin voulait, alors il y aurait une fuite des capitaux et une panique bancaire en Grèce en plus de chaos.

Tsipras a pris peur et au lieu de rompre pour une période les relations diplomatiques avec l’Allemagne, il a cédé aux pressions et depuis lors suit les ordres de Bruxelles au détriment de la Grèce et de son peuple.

Pourquoi ce regain d’agressivité de la part de l’armée turque contre les îles grecques en mer Égée ? Y voyez-vous un lien avec la présence sur le sol grec d’officiers et de soldats turcs ayant déposé une demande d’asile ?

Erdogan profite du fait que la Grèce et son peuple sont épuisés par les mesures d’austérité qui lui sont imposées. En outre, il traverse une phase de folie de grandeur et entend recréer l’Empire ottoman. Ses propos du type «nous avions des territoires que nous avons perdus mais que nous devrions récupérer, nous verserons notre sang pour faire à nouveau de la Turquie un grand pays et si nécessaire nous verserons le sang des autres » ne contribuent pas à consolider la paix et la stabilité.

Je ne vois pas par ailleurs de rapport entre les officiers turcs qui ont demandé l’asile et les deux officiers grecs qui ont été pris en otage par les Turcs ; mais je ne peux pas exclure que les autorités turques aient pu opérer un tel lien. La question des îles grecques a commencé à être soulevée par la Turquie en 1973 au moment où le pétrole a été découvert en mer Egée. De 1923 jusque-là, cela n’avait jamais constitué un problème. A l’heure actuelle, l’agressivité turque est une politique qui vise à tirer profit de l’épuisement de la Grèce.

Pourquoi est-ce que le président Erdogan remet en question le traité de Lausanne en menaçant directement son voisin grec ? S’agit-t-il d’une simple manœuvre populiste ?

Je pense avoir déjà répondu. Il ne s’agit pas d’une manœuvre populiste. Le traité de Lausanne a été violé ad nauseam par la Turquie principalement en ce qui concerne la question des minorités. L’invasion récente de la Syrie constitue également une violation de ce traité qui définit les frontières orientales de la Turquie. Ankara pense qu’en remettant en cause le traité de Lausanne, elle peut obtenir des gains territoriaux. Quelques îles par exemple.

Quel est l’état des forces armées grecques presque dix ans après la lente descente aux enfers de votre pays ? Pensez-vous qu’elles sont en mesure de pallier à la défense de l’intégrité du territoire national ?

Il est vrai que huit années de mesures d’austérité qui ont fait des ravages sur les forces armées grecques sans pour autant nuire à sa combativité. Notre armée de l’air est l’une des meilleures de l’OTAN étant donné que nous chassons tous les jours des avions de guerre turcs qui violent notre espace aérien ; quant à notre marine, celle-ci est en bon état. Dans l’ensemble, les forces armées grecques sont en mesure de défendre l’intégrité territoriale de notre pays.

Carte du différend gréco-turc en mer d’Egée relatif à la délimitation des eaux territoriales. Copyright Le Monde Diplomatique

Que peut faire l’OTAN, dont la Grèce et la Turquie sont membres, pour aider les deux parties à trouver une solution pacifique aux différends qui les opposent ?

Absolument rien, puisque l’OTAN n’intervient pas dans les différends qui peuvent opposer ses membres. Elle n’agit que dans le cas de disputes entre un membre de l’OTAN et un pays tiers. Nous avons fait l’amer exemple du refus de l’OTAN d’intervenir lors de l’invasion de Chypre par la Turquie en 1974…

Pensez-vous que l’armée grecque ait un rôle à jouer pour que vote pays puisse recouvrir sa souveraineté ? Ou est-ce réveiller les vieux démons de la dictature des colonels ?

Les forces armées grecques devraient rester vigilantes pour défendre nos frontières contre les menaces extérieures. Et dans le cas où le peuple grec tenterait de renverser le régime d’Athènes, les forces armées grecques devraient s’abstenir de suivre les ordres possibles pour défendre le régime.
Revenant sur les relations germano grecques, comment les qualifieriez-vous aujourd’hui ?

Je dirais qu’elles correspondraient davantage aux relations qui lient une colonie à sa puissance coloniale. Avec une différence bien sûr. Pendant l’époque coloniale, le pouvoir colonial défendait la colonie contre les menaces extérieures ; ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Mais entre les peuples grec et allemand il n’y a pas de problèmes. Du moins pour le moment.

Où est-on avec la question des réparations allemandes des dommages subis pendant l’occupation de la Grèce de 1941 à 1944 ?

Elles sont au point mort. L’Allemagne considère la question close, puisque Athènes ne l’a pas soulevée avec la réunification. Le régime d’Athènes ne veut pas irriter ses maîtres en la soulevant. Il y a cependant un point que même l’Allemagne a du mal à éviter. Il s’agit du prêt qu’elle a imposé avec l’Italie à la Grèce en 1942. La Grèce avait été contrainte de s’acquitter de la somme de 1,25 milliard de drachmes par moi au titre des frais d’occupation des troupes germano italiennes. En 1964, on a estimé que le total de la dette contractée par l’Allemagne à la Grèce s’élevait à 400 millions de Deutsch Mark. La question du prêt et des réparations sont deux choses distinctes, ces dernières sont toujours en suspens pour la Grèce. Mais le régime d’Athènes ne fait rien. La valeur du prêt aujourd’hui, s’il devait être remboursé par l’Allemagne à la Grèce, couvrirait la soi-disant dette qui s’élève à 300 milliards d’euros.

 Vous écrivez : « À l’ère où le capitalisme sans frontières écrase tout sur son passage, et où nos dirigeants optent pour une « mondialisation » au bénéfice unique des banques et des multinationales, on nous présente l’éclatement de nos États comme un phénomène naturel et inéluctable. Au même moment, on nous martèle que les « minorités » (ethniques, raciales ou religieuses) de l’Europe « se réveillent », que leurs revendications identitaires sont légitimes entraînant le morcellement et l’affaiblissement de l’État souverain dont elles font partie ».

Dans le but d’asphyxier la Russie, l’OTAN avance ses pions reniant ainsi l’engagement fait à Gorbatchev lors de la réunification des deux Allemagnes. Les derniers bouts de l’ex- Yougoslavie intègrent un à un l’OTAN. Vous condamnez le morcellement des Balkans en Etats croupions et non viables tout en pointant du doigt le rôle de l’Allemagne qui a favorisé le morcellement de la région. Quel est selon vous l’intérêt qu’à Berlin de défendre cette politique depuis l’éclatement de la Yougoslavie en 1991 ?

Il s’agit en fait de la même politique poursuivie par Hitler avant et pendant la Seconde Guerre mondiale et qui vise à mettre la main sur les ressources énergétiques. En contrôlant les Balkans, l’Allemagne a un accès facile aux ressources énergétiques du Moyen-Orient, de la Méditerranée orientale et de l’Azerbaïdjan. En outre, il sera plus facile pour Berlin d’acheminer le pétrole ou le gaz en Allemagne.

Pensez-vous que la question macédonienne est en passe de trouver une solution depuis que les dirigeants de Skopje ont convenu de débaptiser leur aéroport international et leur autoroute ?

La Grèce insiste sur le fait que l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) doit modifier sa Constitution pour que toute forme d’irrédentisme soit enlevée. Skopje refuse de le faire. Le peuple grec dans sa grande majorité s’oppose à céder le nom de Macédoine à Skopje, un nom qui s’inscrit dans l’hellénisme depuis trois millénaires. Alors, si vous donnez une fausse histoire à un pays, vous créez les conditions d’un Etat défaillant. De même, les politiciens de l’ARYM ne croient pas en leur héritage macédonien. J’ai entendu le président de l’ARYM Ivanov dire à un vice-président géorgien en 2012 que le mot Macédoine dérive du mot turc dünya – ce qui signifie monde ! Pourquoi l’ARYM devrait-elle intégrer l’OTAN ? J’attire votre attention sur le fait que l’Occident a si facilement oublié les promesses faites à Gorbatchev en 1991 que l’OTAN ne se serait pas élargie si l’Allemagne avait été autorisée à se réunir. Et nous avons vu ce qui s’est passé. Tous les anciens pays du Pacte de Varsovie sont aujourd’hui membres de l’OTAN.

Est-ce que le gouvernement grec actuel est en mesure de défendre la cause de Chypre quand on connaît les positions ambiguës du Premier ministre Tsipras à ce sujet ?

Sur le plan diplomatique elle le peut, mais cela n’est pas facile du point de vue militaire. Cela vaut pour tous les gouvernements successifs. Nous avons vu ce qui s’est passé en 1974. C’est le coup d’État contre Mgr Makarios à Chypre organisé par Athènes qui a provoqué l’invasion turque. En revanche, si les circonstances étaient différentes, il aurait été très difficile pour l’invasion d’être couronnée de succès, compte tenu du fait que l’armée de l’air turque avait coulé l’un de ses destroyers.

Propos recueillis et traduits par Tigrane Yégavian

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