Στις απαντήσεις του ο Πρέσβης, εξηγεί ιστορικά πως η Ελλάδα από την
ανεξαρτησία της και μετά δεν ήταν ποτέ ανεξάρτητη, αναφέρεται στις
ελληνοτουρκικές σχέσεις, στις επιδιώξεις της Τουρκίας, στη Συνθήκη της Λωζάνης
και τους κινδύνους που διαγράφονται στην περιοχή από την Τουρκική επιθετικότητα.
Συνεχίζει, λέγοντας για την απραξία του ΝΑΤΟ στα Ελληνοτουρκικά, για
την κατάσταση των Ελληνικών Ενόπλων δυνάμεων που παρά την φθορά που έπαθαν λόγω της κρίσεως, μπορούν να αμυνθούν την χώρα.
Για τον ρόλο του στρατού στην Ελλάδα, ο
Πρέσβης αναφέρει...
ότι πρέπει να διαφυλάττει τα σύνορα και σε περίπτωση που ο
λαός εξεγερθεί, να αρνηθεί να υπακούσει σε διαταγές της κυβέρνησης να την προστατέψει.
Περιγράφει τις σχέσεις Γερμανίας Ελλάδος σαν σχέσεις αποικιοκράτη προς αποικία, εξηγεί πως έχει το θέμα των γερμανικών αποζημιώσεων και για τους
λόγους που δεν θα πρέπει να παραχωρηθεί το όνομα Μακεδονία στα Σκόπια.
(Σημ. ιστολογίου: Σύντομα το μεταφρασμένο κείμενο)
La Grèce
menacée de toutes parts
Publié
par: Tigrane Yégavianle: 28 mars, 2018
Ancien
diplomate grec, Leonidas Chrysanthopoulos a été le secrétaire général de
l’Organisation de coopération économique de la mer Noire de 2006 à 2012. Il a
été le représentant de la Grèce aux Nations unies, directeur du cabinet
diplomatique du ministère des Affaires étrangères et directeur général des
Affaires européennes. Son expérience diplomatique s’étend de Toronto à
Varsovie, et d’Erevan à Beijing. Il s’insurge aujourd’hui contre la politique
de dé tricotage de la souveraineté de son pays par l’Union Européenne et
l’OTAN.
Leonidas
Chrysanthopoulos : « Erdogan traverse une phase de folie de grandeur et entend
recréer l’Empire ottoman. » Photo DR
Tigrane
Yégavian : En janvier et février derniers des manifestations de
masse ont eu lieu dans votre pays pour réclamer le retour de la souveraineté
nationale et de l’intégrité de la Grèce. Presque deux siècles après le
soulèvement de la Grèce contre l’occupation ottomane, il semblerait que votre
pays soit encore à décoloniser. Comment en est-on arrivé là ?
Leonidas
Chrysanthopoulos : Le problème est que nous nous sommes libérés du joug ottoman pour nous
retrouver sous l’influence des grandes puissances de l’époque. Le premier
dirigeant de la Grèce indépendante était Ioannis Kapodistrias, qui, en tant que ministre des
Affaires étrangères, a joué un rôle important dans la création de la
constitution suisse. Néanmoins nous l’avons assassiné et remplacé par un roi
bavarois. Nos premiers partis politiques avaient pour surnom : le parti
francophile, le parti russophile et le parti anglophile, car ils étaient
influencés par chacune de ces puissances.
Au cours de
la Première Guerre mondiale, Athènes et le Pirée ont été bombardés par la
flotte française afin d’obliger le roi pro-allemand à abdiquer et faire en
sorte que la Grèce rejoigne le camp des alliés. Par la suite, le Premier
ministre fasciste et pro allemand de la Grèce, Ioannis Metaxas s’était opposé le 28 octobre
1940 à Mussolini quand ce dernier entendait envahir le pays.
Les forces
armées ont renvoyé les Italiens à la mer s’emparant au passage de l’Albanie.
Tout au long de la Seconde Guerre mondiale, notre résistance était sous la
domination britannique jusqu’à ce que les États-Unis prennent le relai en 1947.
La dictature militaire appuyée par l’OTAN s’est effondrée au bout de sept ans
en 1974 mais le prix s’est avéré tragique, puisque près de la moitié de Chypre
s’est retrouvée sous occupation turque qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
En 1976,
nous avons choisi d’adhérer à la CEE principalement pour des raisons politiques.
Il s’agissait de protéger notre fragile démocratie et la Grèce de la Turquie.
Nous avons intégré la CEE en 1981 et ce juste après que le PASOK d’Andreas
Papandreou soit arrivé au pouvoir. De sorte que la Grèce a bénéficié pendant
quelques années d’une indépendance qu’elle n’avait jamais joui auparavant. Les
bases américaines ont été démantelées, la Grèce est devenue un acteur important
dans la politique internationale et respecté de la part du mouvement des
non-alignés.
Andreas
Panpandreou avait du reste défrayé la chronique en 1983 lorsqu’il organisa une
rencontre entre le président français François Mitterrand et le dirigeant
libyen Mouammar Kadhafi sur l’île de Crète.
À partir
des années 1990 la réunification de l’Allemagne a fait progressivement de ce
pays la force motrice de l’UE qui de « CEE des peuples » s’est muée
en « UE des banquiers ». Vu que l’UE a pris le parti des banquiers,
les politiciens grecs sont devenus des menteurs professionnels et ont été élus
sur des programmes qui n’ont jamais été respectés. George Papandreou a été élu
en 2009 sur la base d’un programme chimérique, car il prétendait que la Grèce
avait les ressources financières pour aller de l’avant. Résultat, note pays
s’est retrouvé sous la tutelle du FMI et de l’UE. Et le mémorandum de 2010, qui
n’a jamais été voté par le Parlement, a précipité l’effondrement financier et
social.
De son
côté, le parti de gauche SYRIZA a été élu sur un programme de dénonciation du
mémorandum et le salut de la Grèce. C’était sans compter sur Bruxelles qui dans
la foulée a pratiqué une sorte de chantage à l’encontre du gouvernement de
Tsipras ; ce dernier ayant appelé à la tenue d’un référendum qui s’est
traduit par un rejet massif (62%) des nouvelles mesures d’austérité. Au cours
d’un sommet à Bruxelles, qui s’est tenu juste après le référendum de juillet
2015, l’Allemagne a fait chanter Tsipras en lui disant que s’il ne faisait pas
ce que Berlin voulait, alors il y aurait une fuite des capitaux et une panique
bancaire en Grèce en plus de chaos.
Tsipras a
pris peur et au lieu de rompre pour une période les relations diplomatiques
avec l’Allemagne, il a cédé aux pressions et depuis lors suit les ordres de
Bruxelles au détriment de la Grèce et de son peuple.
Pourquoi
ce regain d’agressivité de la part de l’armée turque contre les îles grecques
en mer Égée ? Y voyez-vous un lien avec la présence sur le sol grec d’officiers
et de soldats turcs ayant déposé une demande d’asile ?
Erdogan
profite du fait que la Grèce et son peuple sont épuisés par les mesures
d’austérité qui lui sont imposées. En outre, il traverse une phase de folie de
grandeur et entend recréer l’Empire ottoman. Ses propos du type «nous avions
des territoires que nous avons perdus mais que nous devrions récupérer, nous
verserons notre sang pour faire à nouveau de la Turquie un grand pays et si
nécessaire nous verserons le sang des autres » ne contribuent pas à
consolider la paix et la stabilité.
Je ne vois
pas par ailleurs de rapport entre les officiers turcs qui ont demandé l’asile
et les deux officiers grecs qui ont été pris en otage par les Turcs ; mais
je ne peux pas exclure que les autorités turques aient pu opérer un tel lien.
La question des îles grecques a commencé à être soulevée par la Turquie en 1973
au moment où le pétrole a été découvert en mer Egée. De 1923 jusque-là, cela
n’avait jamais constitué un problème. A l’heure actuelle, l’agressivité turque
est une politique qui vise à tirer profit de l’épuisement de la Grèce.
Pourquoi
est-ce que le président Erdogan remet en question le traité de Lausanne en
menaçant directement son voisin grec ? S’agit-t-il d’une simple manœuvre
populiste ?
Je pense
avoir déjà répondu. Il ne s’agit pas d’une manœuvre populiste. Le traité de Lausanne a été violé ad nauseam par
la Turquie principalement en ce qui concerne la question des minorités.
L’invasion récente de la Syrie constitue également une violation de ce traité
qui définit les frontières orientales de la Turquie. Ankara pense qu’en
remettant en cause le traité de Lausanne, elle peut obtenir des gains
territoriaux. Quelques îles par exemple.
Quel
est l’état des forces armées grecques presque dix ans après la lente descente
aux enfers de votre pays ? Pensez-vous qu’elles sont en mesure de pallier
à la défense de l’intégrité du territoire national ?
Il est vrai
que huit années de mesures d’austérité qui ont fait des ravages sur les forces
armées grecques sans pour autant nuire à sa combativité. Notre armée de l’air
est l’une des meilleures de l’OTAN étant donné que nous chassons tous les jours
des avions de guerre turcs qui violent notre espace aérien ; quant à notre
marine, celle-ci est en bon état. Dans l’ensemble, les forces armées grecques
sont en mesure de défendre l’intégrité territoriale de notre pays.
Carte du
différend gréco-turc en mer d’Egée relatif à la délimitation des eaux
territoriales. Copyright Le Monde Diplomatique
Que
peut faire l’OTAN, dont la Grèce et la Turquie sont membres, pour aider les
deux parties à trouver une solution pacifique aux différends qui les opposent ?
Absolument
rien, puisque l’OTAN n’intervient pas dans les différends qui peuvent opposer
ses membres. Elle n’agit que dans le cas de disputes entre un membre de l’OTAN
et un pays tiers. Nous avons fait l’amer exemple du refus de l’OTAN
d’intervenir lors de l’invasion de Chypre par la Turquie en 1974…
Pensez-vous
que l’armée grecque ait un rôle à jouer pour que vote pays puisse recouvrir sa
souveraineté ? Ou est-ce réveiller les vieux démons de la dictature des
colonels ?
Les forces
armées grecques devraient rester vigilantes pour défendre nos frontières contre
les menaces extérieures. Et dans le cas où le peuple grec tenterait de
renverser le régime d’Athènes, les forces armées grecques devraient s’abstenir
de suivre les ordres possibles pour défendre le régime.
Revenant
sur les relations germano grecques, comment les qualifieriez-vous aujourd’hui ?
Je dirais
qu’elles correspondraient davantage aux relations qui lient une colonie à sa
puissance coloniale. Avec une différence bien sûr. Pendant l’époque coloniale,
le pouvoir colonial défendait la colonie contre les menaces extérieures ;
ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Mais entre les peuples grec et allemand il
n’y a pas de problèmes. Du moins pour le moment.
Où
est-on avec la question des réparations allemandes des dommages subis pendant
l’occupation de la Grèce de 1941 à 1944 ?
Elles sont
au point mort. L’Allemagne considère la question close, puisque Athènes ne l’a
pas soulevée avec la réunification. Le régime d’Athènes ne veut pas irriter ses
maîtres en la soulevant. Il y a cependant un point que même l’Allemagne a du
mal à éviter. Il s’agit du prêt qu’elle a imposé avec l’Italie à la Grèce en
1942. La Grèce avait été contrainte de s’acquitter de la somme de 1,25 milliard
de drachmes par moi au titre des frais d’occupation des troupes germano
italiennes. En 1964, on a estimé que le total de la dette contractée par
l’Allemagne à la Grèce s’élevait à 400 millions de Deutsch Mark. La question du
prêt et des réparations sont deux choses distinctes, ces dernières sont
toujours en suspens pour la Grèce. Mais le régime d’Athènes ne fait rien. La
valeur du prêt aujourd’hui, s’il devait être remboursé par l’Allemagne à la
Grèce, couvrirait la soi-disant dette qui s’élève à 300 milliards d’euros.
Vous
écrivez : « À l’ère où le capitalisme sans frontières écrase tout sur
son passage, et où nos dirigeants optent pour une « mondialisation » au
bénéfice unique des banques et des multinationales, on nous présente
l’éclatement de nos États comme un phénomène naturel et inéluctable. Au même
moment, on nous martèle que les « minorités » (ethniques, raciales ou
religieuses) de l’Europe « se réveillent », que leurs revendications
identitaires sont légitimes entraînant le morcellement et l’affaiblissement de
l’État souverain dont elles font partie ».
Dans
le but d’asphyxier la Russie, l’OTAN avance ses pions reniant ainsi
l’engagement fait à Gorbatchev lors de la réunification des deux Allemagnes.
Les derniers bouts de l’ex- Yougoslavie intègrent un à un l’OTAN. Vous
condamnez le morcellement des Balkans en Etats croupions et non viables tout en
pointant du doigt le rôle de l’Allemagne qui a favorisé le morcellement de la
région. Quel est selon vous l’intérêt qu’à Berlin de défendre cette politique
depuis l’éclatement de la Yougoslavie en 1991 ?
Il s’agit
en fait de la même politique poursuivie par Hitler avant et pendant la Seconde
Guerre mondiale et qui vise à mettre la main sur les ressources énergétiques.
En contrôlant les Balkans, l’Allemagne a un accès facile aux ressources
énergétiques du Moyen-Orient, de la Méditerranée orientale et de l’Azerbaïdjan.
En outre, il sera plus facile pour Berlin d’acheminer le pétrole ou le gaz en
Allemagne.
Pensez-vous
que la question macédonienne est en passe de trouver une solution depuis que
les dirigeants de Skopje ont convenu de débaptiser leur aéroport international
et leur autoroute ?
La Grèce
insiste sur le fait que l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM)
doit modifier sa Constitution pour que toute forme d’irrédentisme soit enlevée.
Skopje refuse de le faire. Le peuple grec dans sa grande majorité s’oppose à
céder le nom de Macédoine à Skopje, un nom qui s’inscrit dans l’hellénisme
depuis trois millénaires. Alors, si vous donnez une fausse histoire à un pays,
vous créez les conditions d’un Etat défaillant. De même, les politiciens de
l’ARYM ne croient pas en leur héritage macédonien. J’ai entendu le président de
l’ARYM Ivanov dire à un vice-président géorgien en 2012 que le mot Macédoine
dérive du mot turc dünya – ce qui signifie monde ! Pourquoi l’ARYM devrait-elle
intégrer l’OTAN ? J’attire votre attention sur le fait que l’Occident a si
facilement oublié les promesses faites à Gorbatchev en 1991 que l’OTAN ne se
serait pas élargie si l’Allemagne avait été autorisée à se réunir. Et nous
avons vu ce qui s’est passé. Tous les anciens pays du Pacte de Varsovie sont
aujourd’hui membres de l’OTAN.
Est-ce
que le gouvernement grec actuel est en mesure de défendre la cause de
Chypre quand on connaît les positions ambiguës du Premier ministre Tsipras
à ce sujet ?
Sur le plan
diplomatique elle le peut, mais cela n’est pas facile du point de vue
militaire. Cela vaut pour tous les gouvernements successifs. Nous avons vu ce
qui s’est passé en 1974. C’est le coup d’État contre Mgr Makarios à Chypre
organisé par Athènes qui a provoqué l’invasion turque. En revanche, si les
circonstances étaient différentes, il aurait été très difficile pour l’invasion
d’être couronnée de succès, compte tenu du fait que l’armée de l’air turque
avait coulé l’un de ses destroyers.
Propos
recueillis et traduits par Tigrane Yégavian
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