Δευτέρα 29 Ιανουαρίου 2018

Άρθρο της Χριστίνας Κόμη για το Σκοπιανό, στο Γαλλικό site "politique-actu.com"


GRECE : Grandes manifestations contre l'usage du terme de « MACEDOINE en Ex Yougoslavie" et Lettre de Mikis Theodorakis !


[ NDLR : L'universitaire Christina Komi, à Athènes, nous signale d'importantes manifestations en Grèce - notamment à Thessalonique - dont les médias français de parlent pas. Merci à elle. JLuc Pujo]
A propos de l’usage du terme « Macédoine » et de la question politique de la dénomination officielle de ce petit pays situé au sud de l'ex-Yougoslavie. La question du nom de ce pays et de sa reconnaissance de la part de la Grèce est revenue ces derniers temps en première page de l'actualité en Grèce, sous l’urgente pression de l'Empire qui souhaite en finir rapidement avec cette question afin de pouvoir intégrer le nouvel Etat balkanique dans l'Otan, en vue de fermer définitivement les portes à un éventuel accès de la Russie en Méditerranée.
Étant donné l'extrême faiblesse de la Grèce en ce moment, pays sans souveraineté, hypothéquée dans tous les sens, mise sous la main de la Troika et des vautours, et « gouvernée » par des marionnettes, des traitres qui sont prêts à tout jeter aux charognards, on peut sentir déjà, le démembrement final venir : l'amputation territoriale.Ça vaut la peine de lire cette lettre, que j'ai traduit du grec pour vous, et qui constitue la réponse du compositeur grec d'envergure internationale, Mikis Theodorakis, à la lettre de l'artiste Balagosa Nakoski, (originaire de Skopje). 

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Cher M. Nakoski,
Je suppose que vous êtes très jeune et que, par conséquent, vous ne connaissez pas certains faits qui se sont produits il y a de nombreuses années et qui expliquent mon attitude actuelle à l'égard des relations entre nos deux peuples.

Avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque le jeune et faible KKE voulait rejoindre l'Internationale communiste (Moscou), les Partis communistes bulgare et yougoslave lui ont posé comme condition, son accord à l'idée de la création d'un Etat communiste indépendant sous le nom de "Macédoine" qui comprendrait toute la Grèce du Nord.

Comme il était naturel, une tempête a éclaté en Grèce, ce qui a obligé le KKE à réviser cette position. Cependant, il en a été profondément marqué, marque qui, à mon avis, a été estompée quand le KKE a pris en 1941 la tête de la Résistance contre les Allemands.

A la fin de la guerre, a été créé la Yougoslavie communiste. En ce temps-là, Tito a nommé « Macédoine » la partie sud de ce pays (la région du Vardar), dans l'espoir qu'à l'avenir, il aurait la possibilité d’étendre le territoire de son pays jusqu'à la mer Egée.

Malheureusement pour nous, la Grèce, après sa libération des Allemands, a été amenée à la guerre civile (1944-1949), et le gouvernement d'Athènes s'est vu complètement dépendant de l'aide des puissances occidentales. Et les Anglais ne voulaient surtout pas contrarier Tito dans l'espoir qu'il ferait ce qu'il a effectivement fait : interrompre ses relations avec Moscou. A cause de son impuissance, le gouvernement grec n'a pas protesté à ce moment là, alors que tout le monde savait que par ce nom de « République de Macédoine » le leader yougoslave créait un cheval de Troie : pour se débrouiller de faire ce qui était sa tâche en tant qu'homme du Komintern, créer une Macédoine communiste qui arriverait jusqu'à la mer Egée.

 C'est alors que nait le mythe de l'origine des habitants de cette région, les soit disant descendants d'Alexandre le Grand, ainsi que tout ce que l’on connaît aujourd'hui et qui est inclus dans la Constitution de votre pays : la Grande Idée du Salut, avec laquelle de nombreuses générations ont été nourries, et à laquelle des gens comme vous sont, je suppose, tout à fait liés. Et je comprends que, puisqu'ils ont grandi avec ce mythe, ils se considèrent comme étant des Macédoniens.

Mais de votre côté, vous aussi devez reconnaître que nous Grecs, nous avons raison de protester quand, sous le prétexte de ce nom, vous nous emmenez face à des incongruités comme celle-ci : vous faites circuler des cartes d'un pays appelé Macédoine dont les frontières arrivent jusqu'au Mont Olympe ; prétendant ainsi que nous, Grecs, nous sommes des occupants étrangers de notre propre ville Thessalonique --de Thessalonique la grecque-- et encore d'autres propositions qui défient l'intégrité même de notre pays.

Alors comment me demandez-vous d'être ... "cosmopolite" quand par l'intermédiaire de tous ces mythes une série des gens essaient de démembrer ma patrie?

 Cher M. Nakoski, le Destin, a voulu que je devienne un témoin direct des manipulations subtiles du leader yougoslave et de son cabinet qui ont, par ailleurs, essayé de me rendre complice de leur politique de «Grande Macédoine». C'était à l'époque où j'avais composé la musique pour la bataille de Sioucheka et je visitais souvent la Yougoslavie en tant qu'invité de Tito, que j'ai tant admiré et apprécié.

C'est alors que Tito lui-même m'a demandé d'écrire la musique pour un film qui traitait de la région sud de son pays. Quand j'ai lu le script, j'ai constaté que le film nous présentait nous, les Grecs, comme des conquérants de la ville de Thessalonique et oppresseurs de ses habitants. J'ai alors non seulement refusé d'écrire la musique, mais j'ai eu le courage d’avoir une confrontation nette avec Tito. Car j'ai constaté que son raisonnement était le suivant : puisque sa Macédoine à lui, communiste, était une « nécessité historique », il était tout à fait légitime de procéder à la création d'un Etat communiste au détriment d'un pays limitrophe capitaliste, comme la Grèce.

 Suite à ceci, nos relations ont été troublées, surtout quand je lui ai fait remarquer que je ne comprenais pas comment un homme comme lui, qui avait mis sa patrie au-dessus de Moscou et de Staline, était incapable d'apprécier mon propre patriotisme à moi et le fait que je le mettais avant tout.

Dans toute ma vie, j'ai montré, me semble-t-il, combien j’ai à coeur la coexistence pacifique des peuples.

Et je n'hésite pas de dire que je n'ai rien contre vos compatriotes, comme je n'avais rien contre eux non plus à l'époque où j'ai dirigé « Zorba » à Skopje.

Mais quand je vois que la coexistence pacifique de ces deux peuples devient une arme aux mains de forces obscures qui exploitent les peuples, et que le résultat est le danger imminent d'une amputation territoriale de mon pays, je ne peux pas rester les bras croisés, je ne peux pas ne pas réagir par toutes mes forces.

Sincèrement,

Mikis Theodorakis

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Lien de la lettre publiée en grec (Σύνδεσμος της επιστολής που δημοσιεύθηκε στα ελληνικά) :


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